🤍 15 € offerts sur votre prochain séjour montagne

Les eaux thermales de Bonneval les Bains sourdent dans le vallon du même nom au pied occidental du Petit Saint Bernard. Depuis des temps immémoriaux les populations attestent des qualités de ces eaux sulfurées, calciques, chlorurées, gazeuses, ferrugineuses, silicieuses et arsenicales.

168 après JC:
Dans l’ancienne Eglise des Clarisses (détruite vers 1850) une inscription signale qu’avant l’an 168, dans la 3eme année du Consulat de l’Empereur Lucius Oelius Aurélius Verus, une crue emporta les thermes de Bonnoevallis. En 1886 cette pierre est scellée dans le mur près de la porte d’entrée du docteur Martin. Les romains reconstruisent les thermes. Ils attribuent déjà à la source des propriétés diurétique, digestive, contre l’eczéma et les rhumatismes.

1733 :
Les bains sont alimentés par une source d’eau minérale

1806 :
« c’est au milieu du torrent de Versoye que s ‘écoulent des eaux dont la température assez constante est de vingt à vingt-cinq degrés . Les gens du pays viennent se baigner dans deux bassins, ou plutôt deux trous, recouverts de branches sèches, les hommes dans un et les femmes dans l’autre. Ces eaux sont très renommées pour les maladies de peau et les douleurs rhumatismales ; mais elles ne pourront être fréquentées que lorsqu’on y aura construit des bains »

1827 :
Une permission du conseil municipal de Bourg-Saint-Maurice accorde la construction d’
« une cabane, au lieu dit Bonneval, à l’effet d’y établir un bassin propre à prendre des bains ».

1828 :
Bertolloti dans son «Viaggio in Savoia delli stati oltramontani » pour Sa Majesté le Roi de Sardaigne, indique
« …la source de Bonneval est si puissante qu’elle suffirait pour faire mouvoir un moulin. L’eau a de 30 à 32 degrés Réaumur de chaleur à son émergence . Elle est légèrement vitriotée et répand une forte odeur de soufre. Le dépôt d’oxyde de fer dont elle couvre son lit arrive quelquefois à l »épaisseur d’une demi-palme. Les bains pris dans ces eaux guérissent merveilleusement les douleurs rhumatismales et celles provenant de blessures, de contusions, de fractures. Les eaux minérales de Bonneval l’emportent par leurs vertus sur plusieurs thermes célèbres. Mais les sources médicinales ont aussi leur destin. Situées ailleurs les eaux de Bonneval attireraient de magnifiques établissements et attireraient les baigneurs par milliers. Ensevellies dans ces gorges, elles ne sont utilisées que par les gens du pays; une misérable cabane sert d’etabissement, et les médecins étrangers n’en connaissent pas même le nom. »

cadrage historique :
dans ce début du 19eme siecle les centres thermaux d’Aix les Bains, Saint Gervais et Evian attirent la Bourgeoisie. Loin de voies de communications importantes, situé en fond de vallée Bonneval les Bains devra attendre.

1860 :
Dans le « dictionnaire général des eaux minérales et d’hydrologie médicale », la définition des eaux de Bonneval est la suivante : « Bonneval (États Sardes, Savoie). Hameau à 6 kilomètres du bourg Saint-Maurice et de Séez, localités très fréquentées à cause du passage du petit Saint-Bernard. Sulfurée. Tempér., 26° cent. Ces eaux n’ont encore été l’objet d’aucun travail chimique. Elles dégagent une odeur hépatique, et leur dépôt, produit par évaporation spontanée, fait présumer en plus une nature saline et ferrugineuse. On remarque qu’elles jaillissent des mêmes terrains que les eaux de Saint Gervais. Bien que connues de temps immémorial, elles n’ont jamais eu jusqu’ici qu’une utilisation locale. On y trouve vingt baignoires et une piscine. Site très pittoresque »

1875 :
l’académie de Val d’Isère fait une description peu flatteuse du centre de cure « … construction composée de deux misérables cabanes, séparées par la route, et toutes deux sur la rive gauche du torrent. La gorge est très resserrée en cet endroit car la route, le torrent et les deux petites cabanes dont nous venons de parler en occupent presque toute la largeur. »
Les eaux de Bonneval les Bains appartiennent alors à Monsieur Charvaz, riche propriétaire de Bourg Saint Maurice qui partira agé, « …..les réclamations sont nombreuses et légitimes de la part du public, les réparations sont urgentes et nécessaires ce que réclame impérieusement l’etat actuel des choses. En effet, depuis quelques années, il n’a pas été fait ]a moindre amélioration à ce que l’on est convenu d’appeler l’Etablissement.
Il est vrai de dire aussi que le fermage n’est pas d’un prix exorbitant, car jusqu’à présent il n’est que de 70 francs par année, et les bains ne coûtent que 25 à 30 centimes chacun. D’un autre cote, il parait certain que l’on donne à Bonneval, en moyenne, près de 3,000 bains
par saison. Ce nombre relativement considérable, serait bientôt doublé et triplé, si l’installa
tion des eaux était convenable, Au contraire, si l’on continue ou plutôt si l’on s’obstine a rester dans l’inaction, c’est-à-dire à garder le statu-quo, l’avenir de ces eaux est perdu
ce sera un malheur pour tout le monde, d’abord pour les propriétaires de l’établissement qui perdront tout à la fois leur capital et les intérêts, et ensuite pour le pays tout entier qui bénéficierait certainement d’un plus grand concours de baigneurs. »
« ….tous ces produtits de la civilisation sont inconnus dans cet établissement et Dieu seul sait quand ils y seront importés… »

1878 :
La Paroisse de Versoye dont dépendent Versoye, Versoye les granges, Versoye derrière et Bonneval les bains compte 458 habitants
Le chimiste Calloud note : « les eaux de Bonneval ne servent encore, à l’heure qu’il est, qu’aux habitants du pays. Et cependant on ne saurait méconnaître qu’elles offrent certaines conditions de prospérité qui seraient de nature à leur assurer un avenir meilleur. Leur débit, qui n’est pas moins de 700 litres par minute, ou 1,000,000 de litres en 24 heures, leur permettrait d’alimenter un établissement important, et il serait fort à désirer que le captage en fût fait d’une manière intelligente, afin de ne pas laisser perdre totalement une richesse qui s’amoindrit chaque année faute de soins nécessaires. L’établissement de Bonneval consiste simplement en deux chétives maisonnettes, où se trouvent installées 9 baignoires en planches grossièrement équarries, et construites au-dessous du sol, dans des cabinets peu confortables, éclairés par d’étroites lucarnes. L’absence marquée de tout confortable est évidemment de nature à ne pas attirer les étrangers, qui vont alors de préférence à Courmayeur (Italie). Il résulte de cet état de choses que les bains de Bonneval ne sont fréquentés chaque année que par 200 ou 250 personnes, qui sont toutes, sinon des environs, au moins du département, et dont les plus éloignées séjournent quelque temps dans une auberge voisine de la source, et qui est tenue par le propriétaire des bains, qui suffit à lui seul pour tout le service. Le prix des bains est, du reste, des plus modestes (25 à 30 centimes), et l’on comprend que, dans ces conditions,
le capital créé par cette industrie est à peu près nul. Les eaux thermales salines, ferrugineuses, arsénieuses et sulfureuses de Bonneval ne s’exportent pas. Leur exploitation industrielle serait susceptible d’une grande amélioration. Au moment de mettre sous presse nous apprenons que la source de Bonneval, devenue depuis peu de temps la propriété de M. Laurent Rey, va recevoir de grandes améliorations d’établissement. Les travaux d’appropriation pour les employer en douches et bains sont en cours d’exécution. »

Juin 1878 :
Monsieur Laurent Rey , propriétaire de la source, établi à Bonneval un café restaurant et des chambres meublées, Douze cellules et 16 baignoires permettent de prendre 3000 bains par saison dans des installations encore très rudimentaires.

1886 :
« les eaux thermales de Bonneval les Bains » par CC Empereur docteur en médecine « Le thermomètre à alcool de I’Etablissement, placé en même temps dans l’eau, a marqué 38°, mais nous croyons que la thermalité vraie est de 35°, 2, nous l’avons prise au mois de juillet et au mois de novembre 1882, et chaque fois nous l’avons trouvée identique, bien que le thermomètre à mercure ne fût pas le même….Les eaux de Bonneval sont moins chaudes que celles à si grande renommée d’Aix et d’Acqui, qui sont aussi des sulfurées calciques, mais elles sont plus sulfurées et contiennent plus de principes minéraux que leurs deux illustres soeurs »

Le 18 mars 1888 :
Monsieur Sansoz dans sa lettre au sous préfet mentionne que 700 curistes sont accueillis dont 200 souffrent de rhumatismes ou d’affections cutanées. Ces curistes doivent loger chez Monsieur Laurent, dans les maisons bourgeoises ou allez dormir dans les hotels de Bourg Saint Maurice à 2h30 de la cure.

1894 :
une analyse physicochimique complète est réalisée.

1896 :
Selon le docteur Linarix « Les bains de Bonneval, bien que n’ayant encore qu’une renommée locale, méritent l’attention du corps médical, par leurs propriétés thérapeutiques. Bien étudiées par le’ Dr Empereur, elles ont déjà donné de brillants résultats. Les sources surgissent sur le bord d’un torrent qui vient des Chapieux. L’établissement contient une vingtaine de baignoires où l’eau arrive à une température de 35° et avec une telle abondance que l’on peut y donner des bains à eau courante. »

1935 :
Les travaux de captage entrepris et la construction d’un hôtel dans le but d’exploiter le thermalisme de la source n’eurent aucune suite en raison de la seconde Guerre Mondiale.

1982 :
Une jeune femme, Brigitte Maillac prépare sa thèse de pharmacie et choisi l’ «  Etude des eaux thermales de Bonneval-les-Bains (Savoie) ». Thèse de 107 pages.
Bibliothèque de l’Académie Nationale de médecine
Cet ouvrage comprend : un historique de la source, une étude géologique, une étude chimique, une étude sur la température de l’eau, une autre étude sur la floculation de l’eau et aussi sur la contamination hydrique et sur les actions thérapeutiques.

Janvier 1990 :
Henri Deville acquiert 7/8 eme des terrains de la source à cinq propriétaires associés. Les travaux de recaptage de la source sont réalisés. Un dossier d’agrément est présenté au ministère de la santé après 8 mois de suivi de l’eau de la source Edelweiss.

25 janvier 1993 :
Henri Deville réalise un inventaire des documents historiques en sa possession et les remettra au BRGM.

16 février 1994:
C’est la société Pierrine Holding qui gère les actifs de la source de Bonneval les Bains. Malgré les tests sur les souris et la reprise de l’antériorité Sarde, la demande de classification de l’eau de Bonneval est un échec. Henri Deville demande alors l’appui du Docteur Toussaint du CHU de Bordeaux. L’eau est embouteillée à Bonneval les Bains et acheminée à Saint Hilaire du Touvet, les essais cliniques ont lieu dans cette même ville. Le Professeur Toussaint démontera les vertus contre le cholestérol de l’eau de Bonneval. Un nouveau dossier est présenté à l’académie de médecine et au ministère de la santé.

9 Mai 1996 :
L’eau de Bonneval est, par arrêté, reconnue eau minérale et thermale par la direction générale de la santé. Henri Deville obtient l’autorisation d’exploitation à l’émergence.

28 octobre 1996 :
La directive 96/70/CE du parlement Europeéen modifie la directive 80/777/CEE du Conseil relative au rapprochement des législations des États membres concernant l’exploitation et la mise dans le commerce des eaux minérales naturelles. Le projet est retardé. La nouvelle réglementation ne permettra pas à la société concessionnaire de se maintenir. Henri Deville ne pourra pas mettre en exploitation sa source.

Avril 2008 :
la bataille municipale fait rage, ça y est, c’est sur, le projet de l’eau de Bonneval verra le jour avant la fin de l’année.

25 Juillet 2008 :
création de la SAS Bonneval Emergence concessionnaire exclusif de la source de Bonneval les Bains pour une durée allant jusqu’en 2044.

2009 :
Les eaux de Bonneval redeviennent un enjeu électoral autour des turbulences dues au départ du 7eme bataillon de Chasseurs Alpins .

2010 :
Une nouvelle phase de tests rendus obligatoires par l’autorité Européenne de sécurité des aliments (European Food Safety Agency « EFSA ») a été réalisé sur des rats; ces tests se sont avérés concluants et font chuter le taux de mauvais cholestérol.

11 mai 2011 :
Le transport de 14m3 d’eau prélevés à l’émergence sont acheminés et prêts à être embouteillés à la source de Asperjoc en Ardèche . Le paradoxe veut que le plus petit débit d’eau minérale naturelle français de la source Asperjoc (0,3 m3/h) vienne en soutien à la seconde source nationale en volume (153 m3/h).

1er Juin 2011
Les tests sur les humains débutent

9 Novembre 2011 :
744 personnes ont à ce jour participé aux essais cliniques, les tests devraient prendre fin en Décembre et les résultats publiés dans 2 revues scientifiques.

Bonneval Les Bains c’est aujourd’hui un petit hameau au bord de la Route Départementale (de montagne) 902 , avec un Hotel historique désaffecté depuis 1937 comme sa piscine thermale en état de ruines et une source d’un débit de 153 m3/heure à 6 km du centre de Bourg Saint Maurice, capitale de la Haute Tarentaise au carrefour des plus belles stations mondiales de sport d’hiver.

17 Novembre 2011:
L’histoire s’écrit chaque jour ……..

Il était une fois une eau de source découverte par les romains……

Les Eaux thermales de Bonneval-les-Bains au pied du Petit-Saint-Bernard et les stations de montagnes de la vallée de la Haute-Isère par Constantin C. Empereur (1886).
Notice sur les eaux thermales de Bonneval-les-Bains, par l’abbé Tremey.
Notice sur les eaux thermales de Bonneval, par le docteur Laissus.
Viaggio in Savoia delli stati oltramontani Tome I (1828) Davide Bertolloti
Dictionnaire général des eaux minérales et d’hydrologie médicale Tome II Durand-Fardet, Le Bret, Lefort, François, (1860)
La Tarentaise (1878) Abbé Pont
Journal des Mines de Moutiers (1806)
Savoie thermale et minérale (1878) V.Barbier
Récapitulatif des documents historiques relatifs à l’existance de la source « Edelweiss » (1993) Henri Deville
Inventaire des sources d’eaux minérales en France (1998) Annales des Mines
Recueil des mémoires et documents de l’académie de Val D’Isère Tome III (1875)
Guide pratique de la Savoie et de la Haute-Savoie médicale et pittoresque (1896) Ch.Linarix

A voir aussi
L’eau minérale de Bonneval-les-Bains (1996) Pierre Legrain
Etude des eaux thermales de Bonneval-les-Bains (Savoie) (1982) Brigitte Maillac

Thomas DI LORENZO

Commenter